Les Médiocres : rubrique sans fin

Ecrit en 2005 par Christobal [www.oulala.net]
cet article qui analyse notre société est toujours d’actualité.

« On les voit monter et descendre les marches de l’Elysée. Ils n’auront réussi à laisser derrière eux, après dix ans de gouvernance, qu’un « Musée des Arts Premiers », quelques centaines de radars sur les routes de France, et un vague plan anti-cancer. Ce sont les médiocres affairés, les nains préoccupés de leurs carrières, les nabots besogneux de l’ordre public.

On les voit monter et descendre les marches d’une estrade de certains congrès socialisants. Ils ont oublié le parfum de la rose, en laissant tomber le masque grimaçant et ambivalent qui tentait de nous faire croire aux anciennes utopies solidaires. Ils ont montré leurs véritables visages, en défendant avec âpreté le capitalisme mondialisant, lors d’une récente campagne référendaire européenne. Ils continuent de se battre, dans un silence assourdissant, pour leurs lignes de vie, leurs profils de carrière, leurs ambitions privées et intéressées. Ce sont les caciques du parti, inféodés à la « pensée unique » du libre-échange.

Nous sommes au cirque. Oyez, oyez, braves gens, citoyennes, citoyens ! Venez nombreux sous le chapiteau. Installez-vous et votez. Mais taisez-vous. Vous avez le droit d’observer les gesticulations médiatiques des pantins politiques, vous pouvez aussi manifester par centaines de milliers dans les rues, voire même faire quelques grèves de protestations massives, mais taisez-vous ! Il y a une oligarchie régnante qui veille au grain. Il y a une caste politico-médiatique et financière qui saura vous faire entendre raison. Ne vous inquiétez pas, les professionnels sont là.

Ils s’occupent, chaque jour, de la fracture sociale et du chômage. C’est leur métier, c’est leur stratégie de campagne, c’est le refrain dont ils vous rebattent les oreilles depuis des décennies. Ils ont besoin de ces données incompressibles (chômage de masse et précarité) pour que tourne à plein régime la machine ultralibérale, pour le plus grand bonheur de leurs familles et la pérennité de leurs privilèges de caste.

Et pendant ce temps, les barbares US continuent de brûler vives les populations irakiennes à grands coups de bombes au phosphore (Fallujah), et pendant ce temps on torture dans les recoins obscurs et reculés de la nouvelle Europe (Hongrie, Ukraine, Pologne, Macédoine, Roumanie, Géorgie, Albanie, Bulgarie, Moldavie).

Ami, entends-tu les cris de désespoir dans la plaine irakienne ? Ami, entends-tu les cris de souffrance des êtres humains encagés comme des chiens ? Ami, entends-tu les râclements et les grincements de chaînes des condamnés, piétinés et bafoués dans les camps de concentration de Guantanamo et d’ailleurs ? Ami, entends-tu les râles finissants des morts-vivants du SIDA qui tombent par millions en Afrique ? Ami, entends-tu le frémissement soulagé des enfants qui finissent par mourir de faim ? Ami, entends-tu les claquements de dents des Pakistanais souffrants de froid et de solitude au milieu des décombres d’apocalypse de leurs villages dévastés ?

Devant tant de souffrances et d’injustices, devant tant de mensonges et de pillages, devant tant de barbarie néo-coloniale (guerres, livraison d’armes, famines organisées et instrumentalisées, joug de la dette, marchandisation du monde et du vivant, dont les OGM sont un symbole qui confine à la caricature déshumanisante, empire féodal des transcontinentales), la médiocrité et la corruption ne sont plus possibles.

Il nous faudra, d’une façon ou d’une autre, bouter hors du pouvoir tous ces nabots et ces médiocres, en inventant d’autres règles du jeu :
— écrire une nouvelle constitution pour la France
— donner un visage démocratique et citoyen aux médias en interdisant la mainmise des capitaux privés et le détournement de l’information par les marchands d’armes et les producteurs de béton.

Et même si ces quelques données de base semblent à première vue dérisoires, elles sont le germe d’une future meilleure représentation du peuple, d’une meilleure information du citoyen.

Le peuple qui doit se doter des armes juridiques nécessaires, pour construire une démocratie participative, où l’on verrait une meilleure transparence et un dialogue renouvelés féconder les sillons desséchés d’un monde qui se meurt, d’une V° République à l’agonie.

Publié: 23 juin 2008 sous Les médiocres.

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