Guide du pouvoir : ou du bon usage de la peur

Voici la définition que nous en donne le dictionnaire Larousse :

Peur : sentiment de forte inquiétude, d’alarme, en présence ou à la pensée d’un danger, d’une menace.

La peur a été universellement utilisée par certains hommes pour en dominer d’autres.
Chez nous, nous en retrouvons les traces aussi loin que l’on se penche sur le passé de notre pays.

Les prémices de la Monarchie

Un jour, un homme plus violent et plus décidé que les autres a commencé à voler sa nourriture à ceux qui en produisaient : c’est-à-dire aux paysans. Au besoin, il n’hésitait pas à tuer. Trouvant le procédé pratique, d’autres se sont rapidement joints à lui pour former une bande de pillards. Devenant de plus en plus puissants et armés, ils s’établirent dans la région, se construisant une retraite fortifiée. Il ne leur était plus nécessaire de tuer pour obtenir de la nourriture, la simple peur qu’ils inspiraient y suppléait.
Le même phénomène se développa dans toutes les régions et en quelques générations l’habitude fut prise de payer l’impôt auxsaigneurs, qui par la suite devinrent des seigneurs. Cette manière de faire faisait naître des vocations mais les premiers arrivés ne leur permirent pas d’en faire de même. Ils se mirent donc à protéger ceux qui les nourrissaient, en respectant le vieil adage : on ne tue pas la poule aux oeufs d’or !
Mais, d’une région à l’autre, le besoin de grandir et d’être encore plus riche se faisait sentir. On se mit alors en tête de voler la propriété du voisin et pour ce faire, on recruta des troupes pour vaincre l’autre. Des combats naquirent et les plus forts s’emparèrent des domaines des vaincus. Les choses s’organisèrent à plus grande échelle et on inventa d’autres moyens pour devenir encore plus riches : les taxes.
Nul ne pouvait traverser un territoire sans y payer son tribut au Seigneur local (plus tard, on nomma ceci l’octroi).

La naissance de la Monarchie

Un jour, un de ces hommes, devenu plus puissant que beaucoup d’autres, se mit en tête de régner sur l’ensemble des Seigneurs locaux. Il commença par conclure des alliances avec ceux qui avaient peur de lui et de sa force. Ces alliances se traduisirent par le versement d’un pourcentage sur les impôts prélevés à la base qui de ce fait se mit à en payer un peu plus !
Ceux qui tentèrent de résister virent leurs demeures fortifiées prises d’assaut, pillées, brûlées et leurs biens confisqués.

Ainsi naquît … le premier monarque !

Le système était mis en place, l’imposition généralisée était née, les puissants pouvaient vivre sur le dos des plus pauvres. Comme le même phénomène c’était mis en place dans tous les pays et que chacun voulait encore grandir, on se mit à faire des guerres entre nations.
La peur de ces guerres donnait bonne conscience aux plus pauvres pour payer l’impôt nécessité par l’entretien d’une armée supposée les protéger.

Il valait mieux se serrer la ceinture … que d’être tués par des voisins belliqueux.

Le pouvoir sur les âmes

Dès le début, certains, qui s’étaient découvert la vocation de propager un message d’Amour apporté par un type qui avait (mal) fini cloué sur une croix de bois – au nom de ses idées généreuses – avaient aussi compris qu’il valait mieux être du côté du puissant que du pauvre. Il faut dire qu’au début, ayant fait le mauvais choix, ils l’avaient payé assez chèrement. Mais ils avaient vite compris que la puissance se construisait sur la peur : aussi en inventèrent-ils rapidement en les nommant péché, enfer et damnation. Cela se mit à porter ses fruits.
Tout doucement mais sûrement, ils firent croire aux pauvres qu’ils auraient une vie meilleure … dans un paradis où les riches n’auraient pas accès !
Bien sur, ils en profitaient pour quêter de quoi continuer à vivre et à faire rêver. Leur influence se mit à augmenter et le monarque en place se dit qu’il serait plus intéressant et plus populaire de remplacer la peur du soudard sur la vie humaine par la peur, plus subtile et non vérifiable, sur des âmes susceptibles d’aller griller dans les flammes de l’enfer. Ainsi soit il !
Le principe était plus puissant et le Monarque mieux aimé par les pauvres. Il devenait leur protecteur en ce monde en n’ayant, lui, de comptes à rendre qu’au Père invisible qui l’avait sacré par l’intermédiaire de ses représentants. On remisa donc les soudards en casernes, tout en justifiant de les conserver dans l’éventualité d’une guerre avec un voisin. Encore une fois, il exista des récalcitrants et pour que personne ne doute des flammes de l’enfer … on les fit griller vifs au nom du Père, du fils et du saint Esprit, pour servir d’exemple de ce qui attendait les âmes impies ne respectant pas la Loi divine.
Ces tenants de la Loi brûlèrent surtout ceux qui cherchaient à percer les mystères du corps humain : son fonctionnement, sa reproduction, ses maladies, etc. Ce savoir qui était déjà trop développé, allait à l’encontre de l’improuvable et mettait en péril la puissance de ceux qui en tiraient pouvoir. Aussi, pendant des siècles les premiers se chargèrent-ils de pourchasser les seconds en prenant bien soin de faire disparaître leurs oeuvres dans les flammes comme étant celle du démon.

Le pouvoir sur les corps

Mais l’histoire n’est qu’un éternel recommencement, ceux qui sont persécutés dans un premier temps, deviennent les futurs puissants.

Ceux qui étudiaient les corps se mirent à leur tour à utiliser la peur ; peur de la maladie, peur de la mort. Le peuple se mit à croire qu’il était plus utile, dans un premier temps, de sauver leur corps tout en veillant tout de même à sauver leur âme. De ce fait, l’influence des prescripteurs de médicina augmenta si bien que le Monarque ayant déjà à sa droite ceux qui généraient les peurs sur les âmes, se dit qu’il serait judicieux d’avoir aussi à sa gauche ceux qui généraient les peurs corporelles.

Le Monarque devint le Père, la médecine le Fils, et l’église le Saint Esprit.
Le modèle invisible était transposé dans le concret et l’on inventa les costumes distinctifs de chaque corporation.

Naissance de la République

Tout se passa ainsi for longtemps, jusqu’au jour où … les bourgeois firent se soulever le peuple pour renverser la monarchie séculaire. On se mit à pourchasser les nobles et leurs alliés, on coupa beaucoup de têtes et fit couler le sang, sous prétexte de révolution. Certains, plus instruits et plus malins firent croire à la masse populaire que le pouvoir était désormais entre leurs mains … par leur intermédiaire !
Ils se firent donc élire par le peuple, qui n’avait pas d’autre choix ; ainsi la république était née … de la terreur.
On changea seulement de maîtres car le système de base fut précieusement conservé : il était l’instrument du pouvoir.
On conserva donc les impôts et les taxes et comme le peuple se croyait devenu son propre maître, il accepta de ce fait qu’on les augmentat encore car être libre coûte cher !
On conserva, bien entendu, les deux appuis qui avaient permis de faire se tenir tranquille la populace : l’église et la médecine, garants des peurs sur les âmes et des peurs sur les corps.
Les choses allèrent ainsi et le pouvoir de la République se consolida à travers le temps. S’il faut reconnaître que les Monarques avaient bien des défauts, il faut quand même reconnaître qu’ils étaient tout ce que l’on veut …. sauf des arrivistes puisque de par leur naissance … ils étaient déjà arrivés au plus haut de la nation.
Ce qui n’est pas le cas de ceux qui veulent accéder au plus haut poste de la République !

Les pouvoirs de la République

Les pouvoirs séculiers font de l’ombre à ceux qui dirigent la « démocratie », donc il faut s’en débarrasser un jour.

Voici donc la situation actuelle.

On a donc commencé, un certain mois de Mai, à faire vaciller les peurs sur les âmes en prônant la libéralisation des moeurs.
Il n’y a plus de péché de chair, on a tous les droits, on est encore plus libres, on peut fort-niquer comme on veut, la fidélité n’est plus qu’une valeur réactionnaire.

Vive le sexe sous toutes ses déviations

On a même érigé cet état de fait en droit à la différence et l’on sait combien les législateurs sont sourcilleux sur le respect des droits. Encore une fois, certains tentent de se rebeller, alors les autres-détenteurs-de-la-vérité-absolue organisèrent des manifestations de rues contre l’ordre moral.

Les peurs modernes

Mais la République doit obligatoirement asseoir son pouvoir sur la peur et en avoir la maîtrise.
Aussi inventa-t-elle la peur de ne pas pouvoir travailler que l’on appela chômage !
Ce fut une belle trouvaille, le peuple se mit à avoir peur de perdre ses emplois et de ce fait cessa de réclamer d’être toujours plus payé en échange de son labeur. Il en était même arrivé à être très très heureux de pouvoir conserver celui qu’il avait, justifiant son bonheur par la vision de ceux qui n’en avaient plus et qui finissaient par errer dans les rues en ayant plus rien, même pas d’espoir. On avait même inventé un sigle anonyme pour qualifier ces errants, on les avait baptisés es-déefs, ce qui était plus rapide et plus pratique que de dire exclus de la société de consommation et des profits.
Voila, la peur du chômage jouait bien son rôle, le peuple se tenait tranquille et la République en avait la maîtrise.
L’autre pouvoir séculier dont il fallait se débarrasser aussi, était celui de la médecine.
En y réfléchissant bien, la solution fut trouvée facilement : l’invention d’une nouvelle peur !
Il fallait qu’elle soit subtile car, par principe les monopoles sont accordés par la République à ceux qui sont assez puissants et nombreux pour que leurs votes aillent dans son intérêt : – les intérêts des uns sont toujours liés aux intérêts des autres.
Mettons donc le peuple dirctement de notre côté en lui faisant croire qu’il ne pourra plus être soigné dans l’avenir parce que les médecins sont à l’origine d’une épouvantable gabegie. Prescrivant des drogues à tour de bras, ils vident inexorablement les caisses de l’organisme collecteur-rembourseur qui fonctionnarise de manière déguisée la médecine.

La peur de ne plus pouvoir soigner les corps est née …. et les coupables désignés à la vindicte populaire.
La République a donc tous les prétextes pour justifier qu’elle doit s’emparer du système … pour le sauver !
Surtout, en fait, pour mettre la main sur les sommes monstrueuses gérées, sans vraiment être contrôlées, par l’organisme collecteur-rembourseur !

Le pouvoir Républicain n’a plus besoin de l’église ni de la médecine.
Il les a remplacées par la peur du chômage et le trou de la sécu !

Alors ceux qui veulent se faire élire représentants du Peuple, jouent de ces peurs en promettant, tous autant qu’ils sont, de faire reculer, même de faire disparaître le chômage.
En fait, c’est leur fond de commerce, pourquoi le torpiller alors, ils ne feront jamais rien pour le résorber.
Ne nous étonnons donc pas de voir rejeter les découvertes médicales qui n’offrent d’intérêt qu’aux patients !
Nous n’avons plus aucun moyen de nous sortir de cette situation qui conduit à l’effondrement de la société actuelle.

Les hommes politiques sont impuissants, tous autant qu’ils sont,
pour résoudre les problèmes qu’ils ont eux mêmes créés depuis des générations !

Il y aurait de quoi en mourir de rire … si ce n’était pas si affligeant !

 

Publié: 5 juillet 2011 sous Le coin des tordus.

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