Médecins et presse médicale

Les cool-labos

Lilimarl

Les rédacteurs de cette association « indépendante » ont courte mémoire concernant leurs liens avec l’industrie pharmaceutique !

J’ai longuement hésité à utiliser ce titre et « Edouard ne m’a pas tuer » à la lecture de la revue Univers Santé N°9-Juin 1996. (je sais, ça date un peu, mais j’aime bien garder « des fiches » pour pouvoir les ressortir le moment venu, quand tout le monde a soigneusement oublié le sujet)

La lecture de cet article rappelle les douces heures de l’épuration, période trouble de la fin de la dernière guerre, où l’un essayait de se refaire une virginité en accusant l’autre d’avoir collaboré plus que lui avec « l’ennemi ».

A l’origine du conflit : un article intitulé « Non, nous n’abusons pas des tranquillisants » signé du Dr. Patricot.
Cet article mettait également en cause le rapport du Pr. Edouard Zarifian sur les liens entre l’information médicale et l’industrie pharmaceutique.

La réponse du Pr. Zarifian est assez amusante

Il rappelle en tout premier lieu que :

  • Certes il s’agit du rédacteur en chef d’une revue médicale (le Journal International de Médecine, du groupe Valdemars) dont les revenus issus des publicités pharmaceutiques dépassent sans doute largement ceux des abonnements.
  • Certes il s’agit d’un docteur dont les souvenirs sont assez lointains ou incertains … etc.
  • Certes il s’agit d’un journaliste médical qui affirme que les médicaments psychotropes ont avantageusement remplacé l’alcoolisme et la religion (qualifiée de manière marxiste « d’opium du peuple »).

Et plus loin

  • … à l’égard de la presse médicale qu’il me fait décrire comme asservie à l’industrie pharmaceutique dont elle serait complice.
  • Par référence peut-être au journal qu’il dirige mais pas à mes yeux par l’ensemble de la presse médicale.

Pour finir en montrant que l’on a « des lettres », de citer Voltaire

  • La vertu s’avilit à se justifier, je préfère, magnanime, vous assurer que je ne vous en veux pas et que « j’aime la vérité mais que je pardonne à l’erreur ».

La réponse du Dr. Patricot est sortie du même tonneau

Après avoir justifié qu’il n’était pas devenu complètement sénile après trois années de retraite bien méritée et après avoir exercé « dans les fermes et les cités » Bourguignones, en opposition à la clientèle fortunée d’un Professeur de psychiatrie, il répond aux accusations de collaboration :

  • sur le fond, maintenant, je dirai que la presse médicale n’a pas plus (sic) à rougir de ses indispensables relations avec l’industrie pharmaceutique que l’immense majorité des professeurs de médecine, lesquels, en effet, entretiennent avec les laboratoires des rapports tout à fait privilégiés et bien naturels.
  • Nous ne craignons pas la comparaison entre la part de nos revenus issus de notre collaboration avec l’industrie du médicament et celle de nombreux patrons de services hospitaliers.
  • Etc …

Pour montrer que l’on a aussi « ses lettres »

  • Pour finir par une citation, comme cela semble institué entre nous, je rappellerai le mot de Churchill « le tout puissant, dans sa sagesse infinie, n’a pas cru bon de créer les Français à l’image des Anglais ».

Quelle analyse pouvons nous tirer de cet échange de propos aigres-doux et de citations entre deux personnes qui collaborent au même groupe Valdemars au capital de 61 915 825 F. !

Eh oui !

Le Pr. Zarifian fait bien partie du Comité Scientifique de la revue Univers Santé éditée par ce même groupe « dont les revenus issus de la collaboration sont supérieurs à ceux des abonnements  » !

Il le dit lui même

  • Je m’honore aujourd’hui d’appartenir au comité scientifique de la revue Univers Santé, dont le contenu rédactionnel, que je lis attentivement, m’est apparu depuis le N°1 indépendant de toute influence et de bonne qualité.
  • S’il en était autrement, je démissionnerai immédiatement en faisant connaître mes raisons.

« Etonnant, n’est-ce pas ? », comme disait Pierre Desproges (pour n’être pas en reste de citations).

Cette fois, l’épuration n’aura pas lieu « après guerre » mais « avant guerre ».

Je trouve choquant que le Dr. Patricot puisse dire « que la presse n’a pas plus à rougir de sa collaboration » parce que les Professeurs de médecine collaborent plus qu’eux !

La faute des uns justifiant celle des autres !

Nous ne pouvons accepter de tels arguments de défense qui confirment que tout le monde a collaboré, mais que finalement on s’aime bien, on ne s’en veut pas et on pardonne parce que « magnanime ».

Finalement, pourquoi pisser dans l’eau qu’on boit !


Publié: 13 mai 2011 sous Corruptions.

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