La délinquance ou le bon usage de la peur

Vieux de deux ans, mais pour moi une des meilleures analyses sur le sujet de la peur des autres, des jeunes, du chômage, etc.

A relier à ce vieil article que j’avais écrit « guide du bon usage de la peur » : [www.asthma-reality.com]

Quand le libéralisme accuse ses victimes

lundi 29 mai 2006, par Denver [www.oulala.net]

Par sa manière de gouverner, l’Europe nous emmène dans ca désorientation politique. Cette désorientation politique nous mène à une fissure du système social, provoquée par la politique libérale.

Un but souhaité.

Un malaise social s’est installé dans nos foyers, on croit que c’est le fruit d’un échec des politiciens mais c’est tout le contraire : ça s’appelle le succès du libéralisme.

Vous me direz pourquoi succès ? Car cette politique est menée au sens des grandes multinationales et non au profit des citoyens. Si ce malaise augmente en Europe, ce n’est pas à cause des délinquants, des étrangers etc… Mais bien a cause de cette politique qui vise à une détérioration du système social au profit des multinationales.

Le peuple n’est rien aux yeux de ces dirigeants.

On a pu voir le 10 mai 2006 au jardin du Luxembourg à Paris une cérémonie en hommage pour tous les gens tombés sous les crimes de l’esclavage commis par l’état français. Les discours du président ont eu peu d’écoute car l’accès à cette cérémonies resta privée.

Ce jour qui aurait dût être commémoré avec le peuple, ce peuple se retrouve derrière les grilles du Jardin. Qui sont ces dirigeants qui interdisent de commémorer cette histoire tragique qui a été longtemps mise à au placard ou même oubliée.

Vous imaginez vous un seul instant une marche blanche pour le meurtre d’un petit enfant à laquelle les parents n’auraient pas le droit de participer ?

Les dirigeant parlent au nom de qui ?

On a pu voir lors de l’inauguration du grand Airbus la plupart de nos présidents de l’Union Européenne se félicitaient de la commercialisation de cet avion.

Mais une chose m’embête : L’Europe ce n’est pas Nestlé, Airbus ou Dassault.

Si un touriste vient visiter l’Europe, il ne va pas voir la maison Renault à ce que je sache. Les présidents doivent être les représentants de la citoyenneté de leur pays au lieu d’être les représentants du marché économique.

Au lieu de regarder ses compatriotes dans leurs vies de plus en plus difficiles, l’Europe regarde les bénéfices de ses voisins (Japon, Etats-Unis) pour se demander comment mieux faire qu’eux. (Traité de Lisbonne 2001)

C’est sûr, ça sera la compétitivité du marché sur le dos des lois sociales des citoyens européens. Mais la population n’est pas dupe : avec le NON massif à l’Europe de la loi Bolkestein, et les grandes manifestations contre le CPE, nous avons repris confiance en nous.

Le chômage pourquoi sa nécessité ?

La nature même de l’économie libérale mondialisée, c’est que les systèmes de production vont s’installer là ou la main d’œuvre est moins coûteuse, ça tout le monde le sait. Mais ce qu’il faut savoir c’est qu’en s’implantant l’économie libérale œuvre aussi dans la clandestinité (corruption, soutien aux régimes dictatoriaux, coup d’état, la dégradation du système environnemental). Pour nous, pays où les gens sont les plus riches, avec des lois sociales et des minima salariaux, les plus pauvres sont déjà trop coûteux.

Le seul but est la recherche du Profit Maximum, peu importe les conséquences sociales, alors pour que l’opinion publique ne s’en mêle pas on rejette la responsabilité sur une minorité visible ( le noir-arabo-musulman, autrefois c’étaient les russes etc…). Dans ce contexte le chômage est une nécessité pour accroître le niveau de pression sur les épaules des citoyens. Plusieurs facteurs s’ajoutent ça : la délinquance, le racisme et la peur tout de perdre du jour au lendemain.

Tout ça est un bon moyen pour contenir les masses et les laisser se soumettre au chantage, tout en détournant leur frustration sur des coupables désignés : étrangers responsables de tous les maux.

Par ce chantage nous assistons à un démantèlement des acquis sociaux dans le pays ou il y a eu des avancées en matières de droit social. Des acquis bien naturellement gagnés durant la guerre froide pendant la lutte contre le communisme, le capitalisme ayant à l’époque intérêt à faire des concessions pour éviter que la population se tourne vers le socialisme (logique du containment chère aux stratèges américains de la guerre froide).

Maintenant que le grand bloc n’est plus là, nos droits commencent à être dans la ligne de mire de l’expansion libérale. Maintenant rappelons nous que les idées socialistes se nourrissent justement de l’injustice du système capitaliste. [ndlr : pas en France où ils préfèrent le caviar !]

Donc plus on abuse des droits sociaux, plus la montée vers le socialisme augmente. On en a bien l’exemple dans l’Amérique Latine ravagée par la mondialisation des pays du Nord, où l’on voit les citoyens voter en masse pour leurs droits sociaux et de nouvelles réformes plus justes (Venezuela, Bolivie).

La délinquance utile

La délinquance existe bien évidemment, ses facteurs sont multiples : sociaux, économiques, éducation, ghettoïsation… A noter que la délinquance ne frappe pas que les couches populaires : la délinquance financière, ou en col blanc, fait bien plus de tort à l’économie et aux citoyens par les milliards détournés, que la petite délinquance. Pourtant c’est la petite délinquance qui est mise en avant quotidiennement dans les médias et comme un enjeu de politique nationale. Cette délinquance visible, certes nuisible mais qui est sans commune mesure avec la grande délinquance financière ou même le crime organisé (souvent liés), est plus un effet médiatique destiné à contenir les masses, à maintenir un sentiment de peur minimum à des fins de contrôle social. Comme la délinquance, le chômage et le racisme restent des moyens de contrôle de masses pour les politiques, en détournant l’attention sur les vraies causes des problèmes, et en accroissant la pression sur les citoyens. A cette fin la délinquance est souvent confondue par les médias avec l’immigration, bien souvent négro arabo musulmane : celle ci présente l’intérêt d’être visible (utile dans une société de l’image), et elle touche des couches de la population parmi les moins organisées et donc les moins dangereuses pour les politiques car elles ne se défendent pas (pas de lobby pour représenter leurs intérêts et faire pression sur les politiques). En réalité ce type de délinquance touche en priorité les plus pauvres quelques soient les origines ethniques, mais politiquement il est plus utile d’éthniciser la question.

Ces couches de la population ont donc été maintenues à un niveau social minimum, représentant en quelque sorte la caste des intouchables (paria), utile pour donner au reste des citoyens un sentiment de cohésion artificiel : tous en bas il y a les sous citoyens pauvres entassés dans les cités et souvent d’aspect différent (même si ce n’est pas vrai, ce sont ceux là que les médias ont choisit de mettre en avant), nous ne sommes donc pas le bas de l’échelle. Comme m’a dit un ami « imagine un pays privé du Stéréotype du noir ou de l’arabe dangereux ne crois tu pas que l’attention de la population serait alors dirigée vers d’autres formes de non-respect de loi ? » (corruption financière, scandale politique, etc……).

Nos dirigeants font semblant de débattre sur la question du jeune qui ne voudrait ou ne pourrait pas s’intégrer, mais ils oublient de dire qu’ils sont responsables de cette situation qu’ils dénoncent : la technique du pompier pyromane consistant à allumer des feux qu’on va ensuite éteindre afin de facilement passer pour un héros.

On sait que cette délinquance médiatisée, diabolisée crée la peur, peur qui souvent dépasse de loin la normale : c’est le sentiment d’insécurité, qui se nourrit plus de fantasmes télévisuels que d’actes constatés de visu.

Rappelez-vous juste au commencement de la seconde Intifada quel a été l’élément perturbateur : la venue d’Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées. C’est ce qui a été le déclencheur de la seconde Intifada, et de l’élection d’Ariel Sharon dans la droite ligne. Encore la technique du pompier pyromane.

Mais rappelez vous aussi de la venue de Sarkozy en banlieue pour dire qu’il allait nettoyer les racailles au kärcher, et le formidable écho médiatique qui a suivit : c’est aussi ça un des éléments déclencheurs des émeutes en banlieue (oui les banlieusards comme les serfs au moyen âge ne se défendent pas, mais quand on les pousse à bout ils se révoltent).

Sarkozy a fait son esplanade des mosquées en France, et il a récolté son Intifada.

Est ce étonnant de la part d’un homme qui fait appel à des spécialistes israéliens de la répression anti palestinienne pour réprimer les jeunes de banlieue ?

Un racisme invisible qui laisse flotter une certaine odeur

Le racisme est une arme dissuasive, massive, utilisé par les médias qui permettent de désigner un coupable. On a vu le rôle des médias dans la stigmatisation d’une minorité. Les politiciens on pris les médias à leur compte, pour ainsi longuement préparer les esprits des citoyens afin que les stéréotypes de l’homme dangereux soient ancrés dans leur inconscient. C’est une technique vieille comme le monde, déjà utilisée avec succès durant les années 30.

Quel est le but ? Ancrer une notion de supériorité dans l’inconscient des citoyens, et par là même rendre acceptables les crimes commis à l’encontre de ceux qui sont désignés comme quantité négligeable. Bien entendu tout cela est paré de mots hypocrites comme « droits de l’homme », « égalité », « respect de l’autre » etc. Mais dans les faits au journal de 20h, la mort de 2 soldats occidentaux de la coalition parait plus grave que celles de 100 irakiens. On a tellement pris l’habitude de voir les noirs, les arabes ou les asiatiques tomber comme des mouches, que même lorsqu’en plein Paris plusieurs dizaines de noirs périssent calcinés dans un incendie, c’est regrettable mais c’est un fait divers. Le lendemain c’est déjà oublié, et les politiques peuvent continuer à se désintéresser des problèmes de ces gens. Bien évidemment, tous les morts n’ont pas la même valeur médiatiquement, il suffit pour cela de voir dans quels cas les ministres se déplacent, dans quels cas les journalistes deviennent hystériques, et dans quels autres cas des situations inadmissibles sont présentées comme banales, allant de soi et n’intéressant pas les politiques. Par toutes ces méthodes on crée une accoutumance à l’injustice permanente que vivent certains, en créant une espèce de sous couche de la population qui agit à la fois comme repoussoir (la peur de tomber au bas de l’échelle sociale et de devoir intégrer cette catégorie de parias) et comme bouc émissaire (responsables de la délinquance, du chômage, du trou de la sécu, du trou dans la couche d’ozone bientôt…).

En fait, tous les maux de la terre étant selon les médias de la faute des pauvres, des étrangers (et surement pas des puissants, des multinationales, des bailleurs de fonds internationaux…) on en arrive à rendre acceptable les bombardements de populations civiles en Irak (responsables comme chacun le sait du terrorisme et des crimes de Saddam Hussein), la colonisation de la Palestine (les palestiniens étant coupables d’antisémitisme), ou les bavures policières à l’encontre des étrangers (c’est regrettable mais que voulez vous, on est habitué).

A la recherche de l’immigration la moins chère

Les gens se demandent pourquoi il y a tant d’immigrés clandestins. On pourrait évoquer plusieurs raisons : la principale est bien évidemment la misère et le manque d’espoir qui pousse à quitter sa terre natale. Plusieurs causes à cela : par exemple le soutien de l’Europe aux dictateurs africains dont la population ne veut pas, et qui maintiennent leur pays dans le sous développement, nous permettant de mieux exploiter pour moins cher leurs ressources. Nous citoyens, votons pour des dirigeant qui maintiennent cette dévastation et puis nous nous étonnons qu’il y a beaucoup de clandestins sur notre sol.

Car nombre de ces immigrés sont venus trouver un asile leur permettant de vivre, suite aux pillages, aux guerres, aux famines imposées à leurs pays. En Europe, l’immigration clandestine concerne effectivement les travailleurs pauvres, les moins qualifiées, ceux qui travaillent comme des esclaves.

Mais si les immigrés clandestins, travailleurs pauvres, esclaves des temps modernes ne présentaient aucun intérêt, cela fait longtemps qu’on aurait fermé les portes : on oublie en effet de dire que le travail clandestin des ces immigrés joue un rôle crucial dans notre économie. De nombreux secteurs s’écrouleraient s’ils ne pouvaient puiser dans cette masse de travailleurs précaires et sans droits. L’exemple le plus connu est surement celui du bâtiment.

Autre intérêt des clandestins : en les associant à la délinquance (à tort selon les dernières études) dans l’inconscient des citoyens, cela permet de faire monter la peur chez les gens en jouant sur les sentiments xénophobes, ce qui est tout bénéfice pour nos hommes politiques armés de leur kärcher.

Mais l’intérêt du travail clandestin ne vaut que tant que le travail précaire et les travailleurs pauvres ne sont pas officialisés : on a vu avant l’adhésion de l’espagne à la CEE, des paysans français se faire amender pour avoir payer des travailleurs clandestins espagnols, ce qui s’est reproduit quelques années après avec des travailleurs polonais, avant que la Pologne n’intègre l’UE. La demande pour des travailleurs pauvres existe donc, et tout porte à croire qu’elle continuera d’exister, avec comme corrolaire l’immigration clandestine.

Des décideurs Européens ont donc trouvé une parade : organiser le travail des plus pauvres. Avec la directive Bolkenstein, ils voulaient que le droit du travail du pays originaire s’applique sur notre sol, ce qui aurait permis de faire travailler des Européens de l’Est membres de l’UE pour 50 heures par semaine et 200 euros le mois.

C’est mieux que les travailleurs clandestins africains ou magrébins qui eux pour finir s’accrochent à notre système social, si tant est qu’ils tiennent jusqu’à leur régularisation. Et ouil’europe de l’Est est un formidable réservoir de travailleurs pauvres (et blancs).

L’homme de main du libéralisme et l’armée de son pays

Le peu de droit international qu’on essait de mettre place, est bafouée par la seule loi qui prédomine au niveau international : la loi du plus fort. Les états les plus forts militairement sont ceux qui violent le plus de droit international (Etats-Unis, Russie, Chine, Israel figurant en bonne place).

La démocratie actuelle dans son fonctionnement a été complètement détournée par de puissants lobbies, qui n’ont qu’une idée en tête : mettre la main sur l’appareil d’état en plaçant un candidat à leur solde en haut de la pyramide.

Ensuite ces lobbies peuvent utiliser l’armée, la police, les impôts des citoyens à leurs propres fins. La situation saute aux yeux dans un pays comme les Etats-Unis, où les lobbies ont pignon sur rue, où les campagnes sont officiellement financées par ceux-ci, et où les conseillers d’états sortent tout droit des officines des lobbies les plus puissants. Un candidat populiste comme Bush n’a pour seul intérêt que de plaire au peuple et ravir les voix, ensuite ce sont les conseillers, donc les lobbies qui gouvernent. Les citoyens se font donc voler leur démocratie. En Europe, la situation n’est guère différente, simplement les gens n’en ont encore que peu conscience (les lobbies agissent ici en toute discrétion). Les industries les plus puissantes (armement, pétrole, automobile…) qui disposent de moyens financiers important utilisent ensuite l’appareil d’état à leur profit (augmentation des budgets de l’armée, ce qui revient à voler les impôts des contribuables pour favoriser les marchands de canon, utilisation de l’armée pour mettre la main sur le pétrole irakien, ce qui revient à favoriser les groupes pétroliers en envoyant au casse pipe les enfants des classes les plus pauvres, le tout payé par les impôts des contribuables pour ne parler que de la situation aux Etats-Unis…). Dans ce contexte, un pays plus puissant que son voisin n’hésitera donc pas à envoyer son armée pour s’emparer des richesses qu’elle convoite, car la pointe des baïonettes reste encore le meilleur moyen de mettre la main sur des ressources, de forcer l’ouverture d’un marché (cas de l’irak et peut être bientôt de l’Iran…), de sécuriser des territoires stratégiques (Afghanistan, Tchétchénie…), à moins qu’elle n’agisse à couvert en fomentant des troubles (Darfour…) quand elle ne peut se permettre d’agir à visage découvert.

Finalement la démocratie a été détournée de son but original, le gouvernement par le peuple, pour revenir une fois de plus dans les mains d’une élite autoproclamée, qui a toujours utilisé les armes, la guerre quand elle le pouvait, la diplomatie à défaut (« la guerre est le pronlongement de la politique par d’autres moyens » disait Clausewitz) pour atteindre ses buts de domination, en envoyant au massacre leurs « pauvres » manipulés par des sentiments patriotiques et de haine de l’autre, allant crever sur un malentendu, allant massacrer les « pauvres » d’en face, dans un affrontement où les seuls qui sont sûrs d’en sortir vivants sont les puissants de chaque camp. Autrefois c’étaient les rois qui agissaient de la sorte, aujourd’hui, ce sont les marchands. Peu importe les massacres la famine, la misère, ce qui compte c’est le profit.

DENVER

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Paul Valérie disait « la guerre ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui se battent entre eux, au profit de gens qui se connaissent et ne se battent pas ».

Publié: 26 juin 2008 sous Les médiocres.

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