Bonjour bonjour !

Cela fait plusieurs mois maintenant que je fréquente votre forum, et j'y trouve toujours des informations et des témoignages nouveaux que je juge vraiment très interessants, formidablement chargés d'espoir...
Mais là je viens de découvrir un echange à propos des enseignants et de l' education Nationnale qui m'a véritablement bouleversée...
Je suis enseignante , de français, en collège. Non,je n'interdis pas aux élèves de prendre un livre pour deux... Oui mes élèves peuvent laisser leur manuel dans ma salle s'ils n'en ont pas besoin à la maison, d'une séance sur l'autre... Non mes élèves n'ont pas de cahier de 300 pages, mais un classeur, où seuls les cours de la séquence du moment sont demandés. A la fin de cette séquence ( environ une vingtaine de feuilles... variable ) nous établissons un sommaire et ils ont pour consigne de tout laisser à la maison, bien classé, dans une chemise cartonnée . Toutes les 3 à 4 semaines leur classeur est donc comme neuf... je leur precise lorsqu'ils doivent apporter leur manuel, pour ne pas les surcharger de manière totalement inutile...
Et notre collège propose un casier pour chaque élève... Nous ne sommes pas si rares je pense ?! Je sais que nous sommes imparfaits, nous aussi...Mais Jacques ( je me permets d'utiliser votre prénom ) vous qui paraissez si ouvert , comment pouvez-vous stigmatiser ainsi une profession dans son ensemble ? Je suis réellement bouleversée !!! J'aime mon métier, je suis profondément respectueuse de mes élèves adolescents, j'ai à coeur leur épanouissement, même au delà de la réussite purement scolaire et de ma matière. Je fais tout pour mettre en confiance un garçon ou une fille mal à l'aise comme on peut l'être à cet âge, par la valorisation de ce qu'ils savent faire, ce à quoi ils s'interesent. Ma matière le permet par la variété possible d'expressions, d'évaluation.
Je suis effrayée de constater que garçons et filles portent tous des baskets ( !!!...), que l'un deux tousse tout le temps , que l'autre a le nez qui coule toute l'année !!! Maternelle ? Peut-être ! Et alors ? S'ils ont oublié les régles d'accord du participe passé à la fin de leur année de troisième , mais qu'ils repartent en ayant confiance en eux, en leur capacité et leur avenir, je serais contrariée certes ( ! ), mais j' aurais réussi quelque chose...
Voilà ça va mieux en le disant !! Peut-être ma remarque est-elle déplacée dans ce forum, mais je tenais à plaider ma cause !
Amicalement,
Céline.

Bonsoir Céline,
vous faites partie de ces rares exceptions qui ne traumatisent pas les gosses et je ne puis que vous en féliciter.

Mais si j'ai tenu ces propos, c'est tout simplement parce que votre discours ... je ne l'ai jamais entendu dans mon cabinet, pas plus que chez les autres praticiens pendant leur formation.

Par contre, tous ces parents écoeurés et abattus, me disant que les profs ne veulent rien entendre de leurs réclammations, le poids des cartables, tous les livres et tous les cahiers, pas de casiers, interdit d'apporter un livre pour deux, sièges très mal adaptés à la taille des enfants, ça c'était le lot de chaque jour.
Tout ce que j'ai décrit est exact !

Votre remarque n'est absolument pas déplacée sur ce forum puisque depuis 20 ans je combats ce système qui refuse de bouger.

Je vous le redis : vous êtes l'exception !

Ne croyez pas qu'il n'y ait que les enseignants pour se conduire de la sorte, beaucoup de médecins, surtout en campagne, se consuisent en despotes. Les gens ne sont pas contents, mais ils n'osent même pas en changer !
Je vais vous conter une anecdote :
- une maman vient avec son fils pour que je le regarde, problème d'équilibre. j'examine l'enfant et je fais des tests avec des cales ; quelle que soit l'épaisseur de la cale, l'enfant ne s'appuyait que sur un pied, toujours le même. je fais un test à la piqûre sous ses deux pieds er constate que sous celui sur lequel il ne prenait pas appui, présentait des zones totalement inertes, sans réaction au contact d'une aiguille.
J'expliquais alors à la maman qu'elle devait prendre un rendez vous chez un neurologue à l'intention duquel je rédigeais un compte rendu de mes tests.
La maman était totalement désemparée ; "mais que va dire mon médecine s'il apprend ça, holalala, il va se fâcher après moi, je ne peux pas, c'est impossible !".

J'ai réussi à convaincre cette mère que son médecin n'avait même pas décelé ce problème et que s'il s'agissait d'une maladie touchant les fibres nerveuses, son fils risquait de perdre l'usage de ses jambes, beaucoup plus que l'engueulade se son médecin.
Elle est allée chez le neurologue et effectivement il s'agissait d'une maladie dégénérative nerveuse. l'enfant a été soigné pendant un an et demi et il s'en est sorti.

Tout ça pour dire, les gens ont peur de brusquer ou de déranger certains qui s'occupent de leurs enfants, pensant qu'en ennuyant un prof leur gosse sera pris en grippe. Et ne me dites surtout pas que ça n'existe pas !

Il ya des personnes qui aiment les enfants et qui aiment leur métier ; il y en a d'autres qui pratiquent le contraire, et ils sont hélas, légion.
J'ai des amis dans l'enseignement, également chez les médecins, et quand j'aborde ces sujets avec eux, ça les désespère car ils en ont des exemples devant les yeux tous les jours.

Toutes mes amitiés,
Jacques